Les objectifs de conservation
Les objectifs transversaux prioritaires
OC1 - Préserver l'hydrosystème du fleuve et des affluents
Cet objectif est essentiel au bon fonctionnement des écosystèmes aquatiques. L'Argens est un fleuve qui n'a pas suivi de forts aménagements, ce qui fait que le cours d'eau et sa ripisylve ont pu conserver leur dynamique naturelle, essentielle pour garantir la diversité des habitats et des espèces qui y sont associées. Les eaux sont relativement de bonne qualité. Ces conditions sont à conserver pour garantir le maintien de la biodiversité du site.
L'Argens est un fleuve permanent qui subit des périodes d'étiage sévères accentuées par les prélèvements directs ou souterrains (irrigation, AEP...). Le secteur à l'amont de Châteauvert s'est parfois trouvé complètement asséché. Pour cette raison, le maintien des apports naturels par les différentes sources (la source du fleuve hors du périmètre, les Bouillidoux, ou encore la résurgence d'Entraigues, etc.) au sein même du fleuve est important pour les habitats et ka faune aquatique.
Les affluents ont un régime plutôt intermittent pour certains. Ces caractéristiques ont dû notamment contribuer au maintien de populations de Barbeau méridional en tête de bassins, les préservant du contact avec le Barbeau fluviatile présent dans le cours d'eau principal (Argens).
OC2 - Maintenir et restaurer les continuums écologiques (trames vertes et bleues)
Un corridor biologique désigne un milieu qui relie des habitats entre eux, des populations fragmentées ou encore un groupe d'espèces.
Le Val d'Argens est riche en diversité d'habitats : forestiers à ouverts, humides à secs etc. Les structures paysagères (alignement d'arbres, canaux, ripisylves, ...) qui assurent leur connexion écologique sont des éléments vitaux pour le maintien de la biodiversité et pour la survie des espèces à long terme. De même la prise en compte des espèces aquatiques est essentielle dans cet objectif (trame bleue).
Le réseau hydrographique (l'Argens et ses affluents) et leurs ripisylves encore bien conservées pourraient assurer ce rôle de corridor à l'échelle régionale.
Sur les secteurs où la ripisylve est dégradée, l'objectif est de la restaurer. Les chauves-souris, dont l'enjeu de conservation est très important sur le site, ont également un besoin vital de ces corridors. L'objectif est prioritaire autour des gîtes de fort à très fort enjeu identifiés dans le DOCOB.
Les objectifs prioritaires
OC3 - Conserver la dynamique naturelle des peuplements rivulaires
Outre son rôle de corridor biologique, les ripisylves possèdent diverses fonctions essentielles au maintien de la biodiversité et de la qualité de l'environnement. Plus ces forêts sont larges, plus elles assurent pleinement leurs fonctions. Ce sont également des habitats en tant que tels qui présentent une diversité de faciès, dont l'un est rare pour la région (forêt mixte de chênes, d'ormes et de frênes).
Cet objectif vise d'une part le maintien de la ripisylve là où elle est bien développée en laissant s'exprimer sa dynamique naturelle, et d'autre part sa restauration dans les secteurs dégradés. C'est d'ailleurs en ces endroits que des actions seront mener en priorité.
OC4 - Garantir un réseau de gîtes pour les populations de chauves-souris (conservation et restauration)
La connaissance des espèces de chauves-souris suite aux inventaires permet de mettre en évidence un nombre important d'espèces différentes (21 espèces soit près de 2/3 de la faune chiroptérologique française). Les colonies recensées sur le site présentent un grand intérêt régional, nationale voire international pour le Murin de Capaccini. La responsabilité de leur conservation au sein de ce territoire est ainsi majeure.
La disponibilité en gîte permet la présence des ces espèces remarquables. Leur maintien passe donc par la conservation d'un réseau de gîtes identifiés dans le DOCOB, en priorité ceux à fort à très fort enjeu (Entraigues, canal souterrain d'Entrecasteaux, cabanons de Correns,...). Des actions de restauration de gîtes pourraient être menées, lorsque l'enjeu est bien identifié.
OC5 - Préserver la qualité des habitats de chasse autour des gîtes à chauves-souris
Autant que les gîtes (habitats indispensables à la reproduction), les zones de chasse (habitats indispensables au nourrissage) sont à préserver pour les chauves-souris.
Ces espèces ont des exigences écologiques très différentes les unes des autres, elles utilisent des milieux très différents pour se nourrir. La composition en mosaïque des habitats est donc importante à conserver sur le territoire (alternance de milieux ouverts et fermés, qualité des habitats humides, …), en priorité autour des gîtes de fort à très fort enjeu identifié sur le site.
Les objectifs secondaires
OC6 - Conserver les habitats de tufs et de travertins
Les habitats de tufs et de travertins sont assez caractéristiques de l'Argens et de certains de ses affluents, en milieu calcaire. Leur originalité et leur fragilité requièrent une attention particulière dans le but de les conserver.
Leur formation est dépendante de l'activité chimique et biologique de l'eau. Leur conservation passe donc par le maintien du fonctionnement hydrique (qualité et quantité d'eau) et la protection des stations où l'habitat est bien représenté.
OC7 - Restaurer et préserver les fonctionnalités des prairies humides
Les zones humides présentent des valeurs fonctionnelles et écologiques majeures : habitats de nombreuses espèces, ressources en eau, zones d'expansion des crues, ... Sur le Val d'Argens, les prairies et pelouses humides sont en mauvais état de conservation.
L'objectif est de les restaurer pour leur redonner leurs fonctions et favoriser un réseau de prairies fonctionnelles, en priorité le long des cours d'eau.
Certains habitats sont également rares. C'est le cas des milieux amphibies que sont les mares temporaires et les pelouses à Sérapias. Ces groupements se retrouvent de manière très localisée sur la commune de Puget-sur-Argens, et seraient présents au niveau des Arcs-sur-Argens, du Muy et de Roquebrune-sur-Argens (ONF, 2010).
Mais leur conservation passe avant tout par la connaissance plus fine de ces zones humides afin d'identifier de manière plus précise les actions pouvant les préserver.
OC8 - Conserver les populations de Barbeau méridional
Les menaces sur cette espèce d'intérêt communautaire au sein du site sont importantes. Le Barbeau méridional subit une chute de sa population par l'effet d'hybridation (pertes génétiques) avec le Barbeau fluviatile, espèce introduite dans le milieu. Les populations encore épargnées se retrouveraient dans les affluents, où elles seraient préservées du contact avec l'espèce introduite dans l'Argens (seuils infranchissables…).
OC9 - Surveiller les espèces exotiques envahissantes susceptibles de menacer les habitats et les espèces d'intérêt communautaire
Après la destruction des habitats, l'invasion par les espèces exogènes serait le 2nd facteur d'érosion de la biodiversité.
Certaines de ces espèces à caractère envahissant se trouvent dans le périmètre du Val d'Argens. Leur présence (ancienne ou actuelle) est liée aux activités anthropiques (apport de terres extérieures, plantations dans les jardins, relâchés d'animaux de compagnie, ...). Les crues qui ont eu lieu les mois de juin 2010 et de novembre 2011 sont des évènements naturels pouvant accélérer le processus d'invasion. Une surveillance et des actions d'éradication sur ces espèces seront donc préconisées afin de limiter les risques de menaces sur la biodiversité du site.
Les objectifs tertiaires
OC10 - Maintenir une dynamique spontanée des milieux forestiers et de leurs fonctions écologiques
Les habitats forestiers d'intérêt communautaire recensés sur le Val d'Argens ne nécessitent souvent que très peu d'interventions. L'objectif est de laisser évoluer ces forêts de manière naturelle.
Néanmoins, il est nécessaire d'y conserver ou de créer des îlots de vieillissement favorables à la faune arboricole (chauves-souris, insectes saproxylophages, …), en priorité sur les secteurs autour des gîtes à chauves-souris.
OC11 - Entretenir des milieux ouverts
Les milieux ouverts et/ou semi ouverts sont assez rares et nécessitent d'être conservés, qu'ils soient naturels ou à l'origine des activités humaines (cultures, pastoralisme, ...). Ces milieux ont tendance à se refermer naturellement lorsqu'ils ne sont pas entretenus. Ils favorisent pourtant la biodiversité en accueillant de nombreuses espèces et participant à la structure en mosaïque des milieux.
OC12 - Améliorer les connaissances de certaines espèces à fort et très fort enjeu
Afin de pouvoir mieux les conserver, certains volets biologiques nécessitent d'acquérir des connaissances supplémentaires. C'est le cas des chauves-souris, pour lesquelles il serait intéressant de connaitre les routes de vols qu'elles empruntent sur le territoire afin de mieux identifier les corridors à conserver.
La Cistude qui n'a pas été étudiée sur le site mériterait de l'être car la population de l'Argens est estimée comme importante pour la région. L'écrevisse à pieds blanc mériterait un inventaire digne de ce nom car sa population sur le secteur serait en diminution.
Certaines espèces sont des indicateurs naturels (bio-indicateurs) de l'état de santé des écosystèmes (notamment les insectes). Un suivi régulier permettrait de juger de l'état de santé du site dans le temps.
Enfin, le phénomène d'hybridation du Barbeau méridional n'est pas connu de façon très précise. Une analyse génétique sur l'Argens (échantillonnages en amont du seuil de Correns et sur ses affluents, secteurs non pollués génétiquement) permettrait de mieux appréhender les menaces.